Login

Espaces verts Dis-moi combien tu vaux, et combien tu rapportes ?

Les espaces verts occupent 34% de ce territoire, soit 96 m² de surface moyenne d’espaces verts par habitant dans les zones urbaines françaises.

Une étude – commanditée récemment par l’Unep – sur la création de valeur par les espaces verts met en avant des statistiques inédites méritant d’être révélées, bien qu’elles ne soient jamais sourcées !

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

L’Union nationale des entreprises du paysage (Unep) a dévoilé récemment les résultats d’une étude inédite menée par le cabinet Asterès dont l’objectif était d’évaluer la création de valeur via les bienfaits sanitaires et environnementaux des espaces verts urbains en France

L’étude est basée sur les données de 72 zones urbaines. Elle révèle que les espaces verts occupent 34 % de ce territoire, soit 96 m² de surface moyenne d’espaces verts par habitant dans les zones urbaines françaises. C’est plus que ce que l’on admet habituellement (plutôt autour de 50 m2) dans les zones les plus vertes.

Toutefois, Astérès estime que « ce résultat classe la France parmi les mauvais élèves d’Europe, la moyenne européenne étant à 44 %. Les pays les plus vertueux, comme la Finlande, la Croatie ou encore l’Espagne, atteignent des taux supérieurs à 60 %. Seuls quelques pays font moins bien que la France, notamment le Royaume-Uni, l’Irlande, le Danemark et les Pays-Bas ».

La France moins verte que la Finlande, c’est plutôt logique, mais plus que les espaces urbains du Royaume-Uni et ses grands parcs urbains, c’est assez étonnant !

Des coûts, mais des effets sur la santé !

Pour entretenir ces espaces verts, Astérès a calculé que les dépenses ont été chiffrées « à 3,3 milliards d’euros en 2023, soit environ 1 540 € par habitant. Elles comprennent à la fois les dépenses :
- dans les services de paysagistes (création, aménagement, entretien), qui s’élèvent à 2,9 milliards d’euros ;
. des particuliers dans les végétaux d’extérieur (ornements et potagers, hors cimetières), estimées à 367 millions d’euros ».

Toujours selon les travaux du cabinet d’études, « ces espaces verts ont évité plus de 275 000 pathologies ou traitements rien que sur l’année 2023 en France.
Chez les seniors, 130 000 cas de diabète de type 2 ont été évités, soit 6% de la prévalence chez cette catégorie d’âge.
Chez les moins de 65 ans, les espaces verts ont prévenu 95 000 prescriptions d’antidépresseurs, soit 8 % des traitements au sein de cette catégorie d’âge.

Enfin, pour l’ensemble de la population, les espaces verts ont évité 22 000 décès l’année dernière, soit une moyenne de 60 décès par jour, représentant 3 % des décès toutes causes ».

L’Unep explique que « l’étude montre également les effets des espaces verts sur la qualité de l’air en ville. En France, les arbres urbains ont stocké plus de 20 Mt de CO en 2023, soit l'équivalent de plus de deux fois les émissions annuelles de CO du secteur résidentiel en France. Par ailleurs, ils ont absorbé environ 11 000 tonnes de polluants atmosphériques, prévenant plus de 1 500 cas d’asthme infantile.
Cette absorption concerne principalement de l’ozone (7 200 tonnes), du dioxyde d’azote (1 800 tonnes) et des particules en suspension (1 500 tonnes). En plus de mieux respirer, les espaces verts permettent de mieux supporter les périodes de forte chaleur estivale, en régulant les températures dans les zones urbaines : les espaces verts ont réduit la température des villes de 1,4 °C en moyenne pendant l’été 2023, évitant 370 décès et plus de 800 passages à l’hôpital. 684 journées anormalement chaudes ont été évitées en cumul pour toutes les villes, soit neuf journées par ville en moyenne ».

Une politique à poursuivre…

Pour Astérès, tous ces bienfaits environnementaux et sanitaires ont un impact économique notables : la valeur créée par les espaces verts est estimée à 2,3 milliards d’euros l’année dernière, soit 33,82 euros par habitant.

Pour des dépenses dans les espaces verts estimées à 3,3 milliards d’euros, cela signifie que chaque euro dépensé dans les espaces verts génère 0,7 € de valeur sanitaire et environnementale pour la collectivité.
Cette estimation comprend 1 800 millions d’euros qui correspondent aux effets du dérèglement climatique empêchés via la séquestration de CO, sur la base d’un coût de 95 € par tonne de CO.
Les espaces verts permettent par ailleurs d’économiser 525 millions d’euros en frais de santé et pertes de production évitées.

Et ces effets pourraient être encore plus importants, si le potentiel de végétalisation des villes était pleinement exploité. En analysant la relation entre la surface d’infrastructures vertes, la surface totale de la ville et sa population, Astérès a constaté que, sur 72 villes, 43 présentaient des surfaces d’espaces verts faibles. En ramenant la surface d’espaces verts dans ces villes à la moyenne, ces villes pourraient empêcher 24 400 événements de santé indésirables supplémentaires, capter 3 Mt de carbone en plus, tout en réduisant leurs températures locales de 0,2 °C.

Cela permettrait par ailleurs d’augmenter la surface des espaces verts de 14 % dans l’ensemble du territoire, avec des impacts très concrets : sauver 2 100 vies supplémentaires, soit plus de cinq vies par jour, et éviter 17 200 cas de pathologies chroniques et 5 000 traitements antidépresseurs, tout en économisant 313 millions d’euros supplémentaires pour la collectivité.

Pour l’Unep, « l’étude objective les bénéfices concrets des espaces naturels pour l’ensemble de la population française et pointe du doigt l’urgence à accélérer la végétalisation utile et pérenne des villes, au profit de la qualité de vie des citoyens ».

… mais à relativiser ?

Reste que si les orientations générales de l’étude – à savoir : les espaces verts sont bons pour la santé – représentent un investissement utile en termes de santé publique et pourraient contribuer plus largement à l’amélioration du quotidien des citoyens, les chiffres avancés peuvent interroger.

Comment mesurer que 130 000 cas de diabète de type 2 ont été évités l’an dernier chez les seniors ? En comparant quels types de population ?

Astérès dévoile sa méthodologie : « Pour ses estimations quantitatives, le cabinet s’est basé sur des données de superficie couverte par des espaces verts dans 72 zones urbaines (Source : Agence européenne de l’environnement) », par exemple. Pour le reste, tout est issu d’une étude bibliographique qui « s’est attachée à analyser différents facteurs, et notamment l’impact des espaces verts sur différentes pathologies et sur les aspects environnementaux. Cette étude a permis de faire ressortir des corrélations entre taux de couverture par des espaces verts et des améliorations sur les aspects considérés.

Sur la base de ces impacts estimés et la superficie d’espaces verts considérée pour la France, une hypothèse quantitative en termes de volumes et de valeurs a pu être estimée pour la France ». Un peu opaque… et qui mériterait une analyse un peu plus profonde.

Enfin, l’institut note que « pour les estimations de valeur, les chiffres donnés sont indiqués comme plutôt conservateurs, entre autres parce qu’ils n’incluent que des flux monétaires tangibles : les dépenses de santé évitées pour l’Assurance maladie et les organismes complémentaires, les pertes de production évitées pour les entreprises et pour l’environnement, les dommages évités via la séquestration de CO.
Les coûts intangibles comme la souffrance ou la perte de qualité de vue ne sont pas pris en compte dans l’estimation des valeurs ».

Autant de pistes qui méritent évidemment d’être creusées et valorisées par la filière.

 Il y a beaucoup à faire pour les métiers du vert avec les chercheurs et le domaine de la santé pour valoriser le travail effectué. Mais asséner un nombre de morts évité avec certitude pendant une année grâce aux espaces verts amène tout de même à apprécier les choses avec distance !

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement